L'Auvergne hier, de Gergovia à lezoux

De Gergovia à Lezoux, grâce aux poteries.

Gergovia, le siège.
Gergovia, le plateau.

Extrait:     
   "Avant la conquête des Gaules, la capitale d’Auvergne (Clermont) n’était point située sur ce monticule dangereux, c’était cette Gergovia si célèbre dans « les commentaires de César », et qui devenue le foyer de la ligue Gauloise contre l’usurpation de Rome fut en vain assiégée par lui
, et prouva, la première, qu’il n’était point invincible. Ce fait est celui dont vous entretiennent de préférence, et les académiciens de Clermont et les Clermontois eux-mêmes. Fiers d’aïeux qui ont repoussé les armes romaines, ils ne parlent de Gergovia qu’avec complaisance, sorte d’amour propre qui, ridicule en apparence, parce qu’il place notre gloire hors de nous, cependant est dans le cœur humain, et doit s’excuser chez les peuples qui, comme celui-ci, ayant joué autrefois dans l’Histoire un grand rôle, aujourd’hui comme lui ne sont plus rien. Les Clermontois, jaloux de l’honneur d’un si bel héritage, la placent sur une des montagnes qui font l’enceinte de leur bassin,
Et en effet cette montagne, depuis longtemps porte le nom de "Gergovia".

   Il n’est pas rare dans l’Auvergne de trouver des médailles, en fouillant la terre ; et souvent les paysans en rencontrent. Si elles sont de métaux précieux, ils cherchent à s’en défaire auprès de quelque orfèvre, si elles sont de moyen bronze, ils écrasent les figures avec des marteaux, et les lâchent ensuite dans le commerce, comme de gros sous. On m’en a données quelques-unes qui avaient circulé ainsi, et servi de paiement de jeu.

   Quand à ces fragments de poterie rouge trouvés sur la montagne de Gergovia, ils sont très communs non seulement dans le voisinage de Clermont, et à plusieurs lieues de distance, mais même dans la ville et encore plus dans son ancienne enceinte. Longtemps on avait ignoré d’où venait toute cette vaisselle si abondante et si jolie ; on la croyait étrangère à l’Auvergne, et rien ne faisait soupçonner qu’elle y eut été fabriquée.
Le hasard en fournit la preuve, il y a dix ans ; et la manufacture fut trouvée à six lieues de Clermont, par-delà l’Allier, dans la Limagne. M. de Chazerat, Intendant de la Province, faisant creuser et aplanir des terres pour ajouter une avenue à son beau "Château de Ligone", on découvrit l’atelier. Il était formé de 70 à 80 fourneaux, un peu plus grands que les plus forts fourneaux de chimie, et qui à leur extrémité supérieure avaient pour cheminée, un tuyau rond et vertical, enfermé dans un autre, de même forme, mais séparé du premier par une couche d’argile. On trouva là beaucoup de vases brisés, quelques-uns d’entiers, plusieurs moules de diverses formes, et nombre de pains ronds d’argile préparée pour la roue du Potier. Ces tourteaux ont une marque à l’une de leurs surfaces, s’était celle de l’ouvrier, et comme l’atelier sans doute avait plusieurs entrepreneurs, les marques aussi sont différentes.
L’argile qu’on employait a un grain si fin, elle est si légère, et s’égrène si facilement sous l’ongle, qu’on dirait du tripoli. La pâtes des vases est d’un très beau rouge, et ressemble à celle de certains vases étrusques que j’ai vus dans les cabinets. Je crois vous avoir déjà dit qu’il en subsiste quelques-uns d’entiers, mais ce que je vous ai pas dit, c’est que ces vases ont une forme élégante, c’est qu’ils sont ornés de reliefs charmants, c’est que malgré leur vétusté ils offrent encore un verni brillant qui étonne par sa fraîcheur.

   Ah ! Si ces morceaux précieux avaient été trouvés dans quelque masure de Grèce ou d’Italie !... Mais on les a découvert en Auvergne, peuvent-ils avoir quelques prix aux yeux d’un Antiquaire ?" (fin d'extrait)



Page facebook du Musée départemental de la Céramique de Lezoux.




Sources: Voyage d'Auvergne, M. Le Grand d'Aussy, 1788.
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