La meule du voisin. (Poème)

La meule du voisin.



CPA Moissons

Les blés sont coupés. Les éteules
Jaunissent les vastes plateaux.
Comme de hauts pignons, les meules
Couvrent le grain de leurs manteaux.

Au loin, les sommets des Monts Dômes
Se confondent avec l’azur.
Les moutons, à travers les chaumes,
Se pressent dans l’air frais et pur.

Ils regardent les plaines bleues
Et les immenses horizons,
Et sans crainte, les hochequeues
Volent jusque sur leurs toisons.

Cependant, sortis de la bande,
Plusieurs d’entre eux, sournoisement,
Vont à la meule, en contrebande
Voler des épis de froment.

Le chien, comme un garde-champêtre
Voit en murmurant ce larcin.
Il n’ignore pas qu'il faut paître
Loin de la meule du voisin.

Il grogne. Mais il n’a pas d’ordre.
Le berger a le dos tourné.
Prêt à sévir et prêt à mordre,
Le chien au calme est condamné.

Le berger songe à sa voisine…
A ses prés… et peut-être à rien.
Sur son bras pend sa limousine.
Du reste, il compte sur son chien.

Chacun son lot. C’est son principe.
Que « Labry » fasse son devoir ;
Et lent, il allume sa pipe.
La fumée empêche de voir.

Et les affreux bandits, qu’anime
Une vague perversité,
Dévorent le fruit de leur crime,
Sous les yeux de «  l’Autorité » !



Gabriel Marc.



Sources: Texte de Gabriel Marc, Poèmes d'Auvergne, 1882.
               © Alain-Michel, Regards et Vie d'Auvergne.
            
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