Usages et coutumes de jadis dans le canton d'Herment, Auvergne.


CPA Herment, Auvergne.
Herment, Auvergne.

Usages anciens.


    Dans nos montagnes d’Auvergne, chaque localité possède ses anciens usages. Herment voit lui-même figurer de temps immémorial plusieurs de ses fêtes mi-partie religieuses, mi-part chevaleresque. Plusieurs vieilles coutumes ont disparu, dans quelques années il n'en restera plus de traces.

Fête paroissiale :

   Le matin du jour de la fête, les jeunes gens de la ville s'adonnent à un jeu qui rappelle le noble "Jeu de l'Arc" encouragé par les rois de France à la fin du Moyen-Âge. Une longue tige en bois, portant une fiole remplie d'eau, est attachée à l'extrémité de l'un des deux arbres dits de "Sully", de la place des Murs. Le plus habile la brise d'un coup de fusil. Saint-
Roch, patron de la ville, ne dédaigne  "un roi et sa reine". Les reinages du saint s'adjugeaient jadis pour une somme assez ronde. Roi, Reine et leur cour arrivent à l'église, précédés d'une musette et d'une vielle. Mais ne craignez rien, leur règne pacifique a pour unique but d'entourer la niche du saint, pendant la messe et la procession. A l'issue de la cérémonie religieuse, on tirait "le Coup de l'Oie", sans doute en souvenir des oies du Capitole, coutume barbare, qui a été défendue avec raison il y a quelques années. Toutefois, la jeunesse est autorisée à "Courir la Bague" jeu que les seigneurs du Moyen-Âge aimaient passionnément. Des danses prolongées accompagnaient autrefois la fête de saint Roch. Les habitants d'Herment se piquaient de bien danser. On les a vus exécutant avec beaucoup d'entrain, La "Montagnarde" et la gracieuse "Bourrée". Aujourd'hui, les Polkas et les Masurkas dansées sans principes, gagnent toutes nos montagnes, au grand regret de Terpsicore (Muse de la danse) qui cherche vainement ses enfants de la montagne.

Veillées:

   L'hiver, lorsque le froid se fait sentir avec violence, la classe pauvre se réunit dans les étables, chacun y porte l'huile nécessaire à l'éclairage et la légende pour égayer la veillée. C'est là que sont transmises les traditions de l'ancienne ville de "Beauclair", les ravages des Anglais et des Protestants, la surprise de la ville, qui fut "prise en dormant", le trésor considérable de la commune, trésor enfoui près de la Place des Murs. Les vieilles complaintes, les Noëls qui s'y chantent sont remarquables de naïveté. La mort du Capitaine Arnauld était un chant de prédilection qu'on entend plus depuis quelques années. Ce chant se rapporte peut-être au capitaine Arnauld de la Mothe, mort héroïquement au siège de Lezoux, en Auvergne, en 1592, mais comme la famille Arnauld est originaire d'Herment  et qu'on chante cette complainte dans d'autres provinces, nous pensons qu'elle a plutôt pour héros un personnage de notre ville.

Les brandons :

   Le premier dimanche de Carême est le dimanche des Brandons. Ce mot "Brandon", vient de l'allemand "Brandt", qui veut dire tison, dans la basse latinité, "Branda" signifie flambeau. Par un reste d’idolâtrie, nos paysans vont la nuit du dimanche des brandons, avec des torches de paille allumées, parcourir les arbres de leurs héritages, en les apostrophant. Les païens pratiquaient les Brandons en février, alors on les voyait courir la nuit avec un flambeau, pour se purifier et procurer le repos aux mânes de leurs parents. Nos paysans ont retenu cette cérémonie pour les arbres.

Les Réveillons :

   Pendant la Semaine-Sainte, la jeunesse passe dans chaque habitation pour chanter des complaintes, appelées "Réveillons", sur la "Passion de Notre-Seigneur". La société musicienne ambulante ne rentre jamais les mains vides. Un de ses membres porte les œufs donnés par les maîtres de maison.

Mai :

   Chaque poursuivant d'Amour, choisit une tige d'arbre très-élevée destinée à celle qu'il aime. Le Mai se plante à côté de la maison de la belle, près de la porte d'entrée. Ses branches supérieures sont chargées de rubans. Cette cérémonie, qui a presque disparu complètement, à lieu le 1er Mai, d'où vient le nom donné à cet arbre.

Feux de Joie:

   Le 24 juin, fête de saint Jean-Baptiste, la jeunesse se procure un immense bûcher, qu'elle place dans l'endroit le plus apparent. Le soir, la masse de feu s'élève dans les airs aux cris joyeux des assistants. Pendant ce temps là, des centaines de points lumineux apparaissent dans le lointain. Le paysage devient vivant, chaque village se salue à tour de rôle.
Il existe aussi une autre cérémonie plus triste et plus religieuse dans nos montagnes. Il est d'usage de faire brûler la paille du lit d'un défunt. En apercevant une lueur inaccoutumée, le villageois fait le signe de la croix et récite un "De Profundis", se souvenant de ces paroles du jour des Cendres : "O homme ! Souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras en poussière".

Costumes et langage:

   Nos paysans avaient conservé jusqu'ici leur costume primitif que distinguaient le chapeau à larges ailes, les culottes courtes et une veste en forte serge. La paysannes portait des étoffes voyantes, un tablier rouge, bleu, vert, jaune, un mouchoir (en patois "Mouchadou") caractéristique et un chapeau de paille de forme particulière. Nous regrettons de voir disparaître tous ces costumes, qui font place aux modes nouvelles, parfois singulièrement adoptées. Le patois pur, où l'on retrouve le latin et le celtique, cède à un français abâtardi. Nos montagnards diront un jour aux générations futures :"Nos pères parlaient jadis une autre langue "

Superstitions:

   Nous n'esquisserons pas toutes les superstitions de ce canton, il faudrait un volume pour les recueillir, au reste, elles ont beaucoup d'analogie avec celles de toute la montagne. Les Sorciers, vrais empiriques, jouent d'abord un grand rôle. On leur accorde le pouvoir d"Oter le feu", c'est à dire la douleur, provenant d'une contusion. Quelques-uns sont consultés à 10 lieues à la ronde, gardez-vous de dire que vous ne croyez pas à leurs cures !
Le soir, au crépuscule, à l'intersections de quatre chemins, Satan donne,  dit-on, rendez-vous à ses pratiques. Le paysan vous racontera que, non pas lui, mais ses parents, ses amis l'ont vu sous mille formes capricieuses : ici en bouc, là en chien. On vous parleras de la chasse de Saint-Hubert, de bruit de chaînes entendu à minuit dans certaines maisons, des fantômes qui grossissent, diminuent à vue d’œil, puis disparaissent subitement. Il va sans dire que c'est toujours le Diable. La maigreur des chevaux est attribuée aux Lutins, qui les monte chaque nuit, mais il existe un moyen pour empêcher le malin esprit de s'égayer aux dépends des pauvres bêtes : c'est celui de placer un plat de cendre à la fenêtre par laquelle il a l'habitude d'entrer, les bonnes femmes disent qu'il est obligé de compter la cendre du plat, avant de passer outre, elles ajoutent qu'il n'a jamais pu réussir, que chaque fois il a abandonné son projet en criant : "Menu! Menu !"
Il y a des personnes de bonne et mauvaise vue, de bonne ou de mauvaise  étrenne. Le loup est de bon augure, le lièvre qui coupe le chemin porte malheur. Le mercredi et le vendredi sont des jours néfastes, etc, etc.
Voilà de quoi faire peur aux enfants, sans parler du "Barbo", du "Loup garou". En revanche, nos laboureurs sont plus raisonnables au sujet des pronostics que l'expérience leur apprend à tirer du temps. Ils se trompent rarement.

   Malheureusement, l'agriculture a de grands pas à faire dans les montagnes de la Basse-Auvergne. Il serait à souhaiter que la routine fit place au mode de culture qui a si bien réussi chez nos voisins de la Creuse.






Sources : Histoire de la ville et du pays d'Herment, en Auvergne.  Ambroise Tardieu.
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