Les Grands Hommes d'Auvergne : Pierre Lécuellé Maire de Clermont-Ferrand.

Pierre Lécuellé.Maire de Clermont-Ferrand.

 Pierre Lécuellé : Maire de Clermont-Ferrand de 1893 à 1900.

   Professeur au lycée Blaise-Pascal, officier d’Académie, Chevalier de la Légion d’Honneur, Maire de Clermont-Ferrand .


   Pierre Lécuellé, né à Neuilly-en-Dun (Cher), le 2 avril 1849, d’une famille d’humbles travailleurs, fut admis en 1866 à l’Ecole normale d’Instituteurs de Bourges.  Entré à l’Ecole normale spéciale de Cluny (1869), création du ministre Duruy, il en est sorti trois ans plus tard. En 1870 il s’était engagé avec sept camarades dans une légion de marche du Rhône où il servit jusqu’à la fin de
la guerre, faisant son devoir simplement, résolument, sans ostentation et sans bruit. Professeur au collège de Landerneau, reçu au concours d’agrégation de 1873, professeur au lycée de Poitiers (1873-1876), il fut nommé en octobre 1876, au Lycée Blaise-Pascal de Clermont-Ferrand, où il n’a cessé d’enseigner depuis.
   Son caractère loyal, conciliant, son esprit net, son amour du travail, l’invariable fermeté de ses convictions, l’énergie et la droiture de sa conduite, lui ont valu l’estime générale, de solides amitiés et de très nombreuses sympathies. Il s’est allié à l’une des plus honorables familles de Clermont-Ferrand.
   Ses opinions républicaines et son dévouement aux intérêts publics furent remarqués par ses concitoyens d’adoption, et, en avril 1886, il fut élu au Conseil municipal, chargé des fonctions de secrétaire, puis réélu successivement aux élections générales de 1888, 1892 et enfin du 3 mai 1896.
   Son activité, son intelligence vive et souple, sa connaissance approfondie des affaires communales, ses rapports très étudiés sur le budget et plusieurs questions importantes le mirent au premier rang parmi les successeurs éventuels de son ami, M. Gasquet.
Aussi, en mai 1893, après le refus irrévocable de M. Guyard, premier adjoint et collaborateur infatigable du Maire devenu Recteur de Nancy, M. Lécuellé fut-il choisi spontanément par ses collègues et nommé à la presque unanimité des suffrages, Maire de la ville de Clermont-Ferrand. En remerciant ses collègues, il s’exprimait ainsi :

   « Les hommes de ma génération, venus trop tard pour participer aux luttes vaillantes soutenues par leurs aînés en faveur de la liberté, ont vu l’humiliation de la Patrie. Ils ont assisté au relèvement de la France et aux progrès de la République. Ils se sont dès longtemps habitués à les réunir l’une à l’autre, à les confondre dans un même sentiment de reconnaissance et d’amour. »

   Les résultats de cette heureuse harmonie ne se sont pas fait attendre. De mai 1893 à la date présente, mai 1896, les créations ou améliorations suivantes ont été réalisées ou décidées soit par le Conseil municipal, soit avec son concours financier.
Le Théâtre a été achevé, ouvert, et a donné satisfaction aux plus difficiles. Une ligne téléphonique a relié Clermont à Paris ; le tramway électrique a été augmenté du réseau sud, desservant la partie haute de la ville. Un post-office a été installé au Plateau Central, un deuxième bureau des Postes et télégraphes, créé cours Sablon. D’importants travaux d’aménagement ont été exécutés à l’Ecole de médecine, aujourd’hui complètement réorganisée, et à la Faculté des sciences. La grande salle des Fêtes de l’hôtel de Ville, restaurée en 1862, a été complètement refaite et aménagée.
L’édification d’un Lycée de filles, a été votée et mise à exécution. D’autres travaux non moins nécessaires  ont été résolus et sont à la veille de commencer :
Reconstruction du bâtiment du Poids-de-Villes, transfert de l’école professionnelle de garçons dans l’enclos Tailhardat, changement de locaux et agrandissement des écoles primaires et supérieure de filles, achèvement du quartier saint Joseph et de l’avenue de l’Esplanade, création d’une place nouvelle aux Salins et, par suite, construction de la caserne de Gendarmerie en bordure de cette place.
A ses travaux décidés et même en voie d’exécution, s’en adjoindront  d’autres actuellement à l’étude. Plusieurs questions très intéressantes, non encore tranchées ou dont la solution est retardée par des contestations judiciaires, seront résolues à leur tour : création de nouveaux groupes scolaires, aménagement définitif du Plateau Central, eaux Kuhn, Musée Bargoin, continuation des égouts, élargissement des rues étroites, etc., etc.
L’Assistance Médicale gratuite a été organisée et fonctionne d’une manière satisfaisante. La place de Jaude, débarrassée des hideuses baraques de la foire, sera bientôt disposée d’après un plan plus digne d’une grande ville, plus agréable pour ses nombreux promeneurs.
   Toutes ces créations réalisées ou en cours d’exécution n’ont d’ailleurs amené aucune charge nouvelle pour la population. Les impôts n’ont point augmenté, et la dotation habituelle des services municipaux est restée la même. Clermont qui, dans ces huit dernières années, a supprimé sa dette flottante, jouit d’une situation financière excellente, que beaucoup de villes plus peuplées peuvent lui envier.
Dans le cours de son administration, M. Lécuellé s’est constamment inspiré des règles suivantes :
-Economie sévère ; pas de dépense inutile ; continuation méthodique et active des projets en cours d’étude ; emploi judicieux des ressources de la ville. Il y avait là rien de bien nouveau ; mais les idées originales trouvent rarement leur place en matière d’affaires communales. La machine est vieille, et les rouages sont difficiles à remplacer. Le plus sage est encore de se borner à en tirer le meilleur parti possible. M. Lécuellé, pénétré de ce fait qu’un maire représente toute la population et se doit à tous ses administrés, s’est appliqué sans cesse à ménager les intérêts de la ville et des particuliers, à concilier les désidérata légitimes avec l’esprit large, humain, progressif, qui est la base est l’honneur de la tradition démocratique dans notre France. Grâce à cette ligne de conduite, suivie invariablement, avec une bonne foi absolue et une persévérance courageuse, il s’est trouvé presque toujours d’accord avec ses collègues du Conseil municipal. L’entente est facile entre hommes de bonne volonté, qui ont les mêmes principes et poursuivent le même but utile et désintéressé. L’accord entre gens honnêtes et éclairés est à la fois le plus aisé et le plus durable. Il repose sur de solides fondements.
   En 1895, le Concours Régional Agricole et les expositions annexées furent l’occasion de fêtes magnifiques. Le 1er juin, M. Félix Faure, Président de la République, inaugurant ses voyages en provinces, visitait Clermont-Ferrand qui, depuis 1862, n’avait pas reçu le Chef de l’Etat. Les fêtes furent splendides, l’accueil de la population chaleureuse, enthousiaste, dépassant toutes les prévisions. Au banquet municipal, le Président remit à M. Lécuellé la Croix de la Légion d’Honneur. La ville entière applaudit à cette distinction. Elle était méritée.

  M. Lécuellé, partisan déclaré des institutions de prévoyance, est depuis sept ans président de la 75è section des Prévoyants de l’Avenir. Les sections de Riom, Sauxillanges, Lezoux, Issoire, ont été créées avec son aide, à la suite de conférences par lui faites dans ces diverses localités. Jamais il n’a ménagé son temps ni sa peine quand il a cru pouvoir être utile. On se souvient de ses conférences à la Faculté des Lettres et de nombreux discours de distributions de prix.




Sources: Histoire de l'Administration civile dans la province d'Auvergne, Georges Bonnefoy.
                © Regards et Vie d'Auvergne.
                 http://www.regardsetviedauvergne.fr/
                 Le blog de ceux qui aiment l'Auvergne et de ceux qui ne la connaissent pas.






Commentaires

Abonnement au blog :