Les Blés de Noël dans les Monts du Forez d'Auvergne.

Blé de Noël.
"Quand lou blade vèn bièn, tout vèn bièn" 

  Bientôt Noël.

   Au village, bien à l’avance, Noël s’annonce par toutes sortes de signes et de pronostics que chacun comprend sans avoir besoin d’être astrologue. Le porc déjà gras sous son toit vit entouré de soins gastronomiquement affectueux, tel « aux Iles de la Société », un parent dont on attendrait le succulent héritage.
   Dès les premières gelées, sur la route sonore et blanche, on commence à défiler, venant on ne sait d’où, d’innombrables troupeaux de dindes. Chaque ménage achète la sienne qu’on nourrit dans un coin de la basse-cour et qui, gavée de son et de noix, avec ses colères stupides, sa roue bruyamment étalée, le bizarre ornement qui se trimbale autour de son bec, apparaît aux yeux des enfants comme un grand oiseau fantastique.

   A la sainte-Barbe, vingt-et-un jour avant la Noël, dans trois assiettes choisies parmi les plus belles du dressoir, on a étalé quelques grains de blé, lesquels arrosés soigneusement et tenus au chaud dans le coin de la cheminée, ne tardent pas à germer sans terre ni soleil, ce qui nous semblait un miracle. 
   Ces trois assiettes, minuscules champs de blé vert, symbolisant le printemps et les espérances de l’année nouvelle, sont destinées à figurer, avec les trois lumières dont la flamme, selon le côté ou elle s’incline, désigne celui qui doit mourir.
   Sur la table du grand repas, entre le nougat familial et le pain de Calende qu’une main prudente va découper, la part des pauvres réservée en autant de morceaux qu’il y a de convives.
   Cependant peu à peu le blé monte, et, d’abord blanc et pâle, peu à peu se colore de vert. Les jours passent, le moment approche, il s’agit de préparer la fête.

   Un matin, un valet s’en est allé au bois, il  a rapporté  mystérieusement la maîtresse bûche depuis longtemps choisie, et qui posée sur les landiers par l’aïeul et le plus jeune enfant de la maison, arrosée de vin pur en souvenir des libations antiques, prendra feu soudain et s’enveloppera, ainsi que d’une vivante broderie d’or, des mille étincelles de toutes ses mousses enflammées, pendant que les assistants chanteront :

« Allègres, allègres, Noël nous rende allègres ! » 

   Maintenant, Noël peut venir, il n’y a plus guère qu’à s’occuper de la crèche !


Ndlr: Dans d'autres pays d’Auvergne on utilisait aussi des lentilles...!


Sources : Nouveaux Contes de Noël, Paul Arène.
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