Anecdotes au château de Randan, Puy-de-Dôme.


Le château de Randan, Puy-de-Dôme.

Château de Randan

   Voici deux petites histoires anecdotiques qui se sont déroulés en Auvergne, précisément au domaine Royal de Randan (Puy-de-Dôme). Elles sont tirées du livre : Mémoires des Autres de la Comtesse Dash.  De son vrai nom : Gabriella Anna de Cisternes de Courtiras, vicomtesse de saint-Mars (1805/1872) elle fût la collaboratrice d’Alexandre Dumas, on lui doit aussi de nombreux romans dépeignant la vie et les mœurs de la bourgeoisie : La Marquise sanglante, Le salon du Diable, Les aventures d’une jeune mariée… Mais revenons en Auvergne :

Le Domaine Royal de Randan.   « Randan était alors à Mme Adélaïde, sœur du roi, c’est une splendide demeure historique. Il a appartenu aux comtes d’Auvergne, à la famille de la Rochefoucauld, aux comtes de Foix, au fameux duc de Lauzun qui y enferma sa famille, aux ducs de Lorge et enfin, après bien des péripéties, à la maison d’Orléans. On y montre encore la fenêtre qu’escaladait le chevalier Bayard pour venir voir sa mie, la dame de Randan (Ndlr Anne de Polignac).
 D’autres furent, en revanche, des modèles de fidélité et d’amour conjugal. On cite une comtesse de Foix  qui, après la mort de son mari, se couvrit d’un tel deuil, renonça si bien à toutes parures, qu’elle fît ôter tous les miroirs du château et cessa de se regarder.
Plus de trente ans après, elle fût obligée d’aller à la cour pour un de ses petits-enfants qui s’était mis dans la disgrâce royale. Elle marchait dans une galerie du Louvre et aperçu de loin une vieille dame qui venait vers elle. En approchant, comme elle lui trouvait un fort grand air, elle lui fît la révérence, pensant que c’était sans doute une princesse de sang, qu’elle ne connaissait pas.
La révérence lui fût rendue et la dame avançait toujours. Elles arrivèrent nez à nez. La comtesse trouva peu polie cette manière de rester en face d’elle et de lui boucher le chemin. Elle avança la main pour l’écarter, impatientée de cette impertinence, et rencontra une surface unie et froide, ce qui la fît reculer. Elle crut d’abord au sortilège, mais en regardant mieux, elle découvrit que c’était une glace et qu’elle voyait sa propre image. Elle ne s’était pas reconnue, ridée et avec les cheveux blancs, elle qui s’était laissée jeune et belle…



Le Domaine Royal de Randan.
L’ancien château était d’une grande ancienneté, on l’a rebâti presque en entier au temps de la Renaissance. Ses murs sont en briques arrangées en mosaïques blanches et rouges. C’est bizarre. Ses appartements du rez-de-chaussée, formant premier sur le jardin, étaient très simplement meublés en acajou du temps de l’Empire, avec des rideaux en coton. La terrasse domine une de ces magnifiques vues d’Auvergne qui se ressemblent toutes. La chapelle rappelle celle du Palais-Royal.



Le Domaine Royal de Randan.
Les nouvelles salles à manger, construites par la princesse, sont élégantes et riches en même temps. Nous avons passé la journée à Randan et nous y avons rencontré M. d’Argoult, ce qui nous a procuré une réception princière. On nous  servit des fruits d’une telle beauté, que je n’ai jamais rien vu de semblable. Si nous fussions venus la veille cependant, nous eussions vu bien autre chose. Il s’était passé une chose assez comique dont on eût pu faire une pièce pour Arnal.


    Mme Adélaïde avait annoncé à ses gens la visite du ministre, en leur recommandant de le recevoir comme elle-même et, sans donner aucuns détails. Elle indiqué un jour et, dès le matin, les cuisiniers étaient à l’œuvre, on cueillait les plus belles fleurs et les plus beaux fruits.



Le Domaine Royal de Randan.Vers midi, un courrier en riche livrée entra dans la cour, précédant une voiture à quatre chevaux. Aussitôt, chacun se précipite, on court au-devant de l’Excellence, pour lui offrir l’hospitalité au nom de la princesse. Un homme de trente à trente-six ans sort de la calèche.
-« Mon Dieu ! Pensent-ils, qu’il est jeune ! Il faut que ce soit un grand génie pour être parvenu si vite.
Autre étonnement, il donne la main à une belle et fraîche dame, éblouissante d’attraits et de parures.
-« C’est Mme la Comtesse ! Qu’elle est aussi jeune, et qu’elle est jolie !

Le Domaine Royal de Randan.
Et l’on s’empresse, et on conduit dans les jardins, la magnifique forêt, avec des révérences, des courbettes. M. le Comte par-ci, Mme la Comtesse par-là. Ils acceptent tout, et daignent manger le splendide déjeuner d’abord, la friande collation ensuite, ils remontent enfin dans leur somptueux équipage et s’éloignent accompagnés de hourras comprimés par le respect.
C’était tout bonnement le comte et la comtesse de Saint-Cyran, très connus par leurs opinions légitimistes, n’allant pas à la cour et se trouvant dans la dernière surprise d’être accueillis ainsi dans une terre de la maison d’Orléans. Ils étaient loin de se douter de l’erreur dont ils profitaient.
Le lendemain, M. d’Argoult arriva dans une mauvaise carriole, sans tambours ni trompettes, il fut reçu comme un malotru, et fut obligé de se nommer, sans quoi on ne lui aurait pas offert un verre d’eau. Vous jugez de la désolation des gens ! 

Heureusement, il était homme d’esprit, et il prit la méprise en riant de tout son cœur. » (Fin de l’extrait)




Sources : Mémoires des Autres par la comtesse Dash, souvenirs anecdotiques sur le règne de Louis-Philippe.

               Photos:© Alain Michel Regards et Vie d'Auvergne.

                Le blog de ceux qui aiment l’Auvergne et de ceux qui ne la connaissent pas.

Commentaires

Top10 des articles les plus consultés :

Petit Abécédaire du langage Auvergnat.

Le jardin de Marie-Jeanne, un paillage bio, bon et beau.

Recette Auvergnate de la tarte à la bouillie.

Gastronomie régionale : le Millard aux cerises.

Devinettes et humour en patois Auvergnat.

Gastronomie régionale : la Pachade Auvergnate.

Visitons l'Auvergne : le monastère Bouddhiste Dhagpo Kundreul Ling à Biollet, Puy-de-Dôme.

Visitons l'Auvergne : Le Gour de Tazenat, Puy-de-Dôme.

Croyances, Coutumes, Superstitions de nos campagnes.

Abonnement au blog :