La fable du Prud'Homme et du noyé.

Le prud'homme et le noyé.

   Un pêcheur, jetant ses filets en mer, vit quelqu'un tomber dans l’eau.
 Il vola à son secours, chercha à l’accrocher par ses habits avec sa perche, et vint à bout de la retirer ; mais par malheur il lui creva un œil avec le croc. Le noyé était son compère, qu’il reconnut. Il l’emmena chez lui, le fit soigner, et le garda jusqu’à ce qu’il fût guéri.
Celui-ci n’est pas plus tôt sorti qu’il forme plainte contre le pêcheur pour l’avoir blessé. Le maire leur assigne un jour auquel ils doivent comparaître. Chacun expose ses raisons, et les juges, au moment de prononcer, se trouvent embarrassés, quand un fou qui était là, élève la voix :

    -« Messieurs, dit-il, la chose est aisée à décider. Cet homme se plaint qu'on l’a privé d’un œil. Eh bien ! Faites le jeter dans l’eau au même endroit. S’il s’en retire, il est juste qu’il obtienne des dédommagements contre le pêcheur ; mais s’il y reste, il faut l’y laisser, et récompenser l’autre du service qu’il a rendu ».

Ce jugement fut trouvé très-équitable. Mais le noyé, qui eut peur qu'on ne l’exécutât, se retira bien vite et se désista de sa demande.

    C’est temps perdu que d’obliger un ingrat, ajoute l’auteur, il ne vous en sait nul gré.

  « Sauvez un larron de la potence, vous serez fort heureux si le lendemain il ne vous vole pas… »
 




Sources : Fabliaux du Moyen-âge, Jacques-Albin-Simon Collin de Plancy.
               © Alain-Michel, Regards et Vie d'Auvergne.
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